La crise de 2008 a eu un impact économique sur l’ensemble de la planète. L’onde de chocs a pris sa source outre-atlantique dans la fameuse banque Lehmann Brothers.
Nous allons tenter de démontrer dans cet article que les conditions sont aujourd’hui réunies pour qu’une nouvelle crise financière survienne.
Les causes d’une éventuelle crise
A l’origine de cette crise financière de 2008, des prêts immobiliers à taux d’intérêt très élevés, appelés subprimes, dont la banque Lehmann Brothers a fait bénéficier des ménages américains avec peu de ressources, en usant notamment de méthodes frauduleuses. La crise financière a éclaté quand les emprunteurs ont été dans l’incapacité de rembourser leurs prêts immobiliers. Pour plus d’actualités sur les questions de finances, cliquez ici.
Les nouveaux subprimes
Ce qui rendrait possible l’apparition d’une nouvelle crise financière serait le retour des subprimes. Et effectivement ces prêts immobiliers ont fait leur réapparition en 2017, un an après la crise financière de 2008. Mais ces nouveaux subprimes sont revenus sous d’autres noms, comme pour maquiller leur nocivité. On les appelle aujourd’hui les « non-QM » et les « hypothécaires non qualifiés » mais le principe est le même : des prêts immobiliers à haut risque, des taux d’intérêts très importants et des emprunteurs peu fiables sur le plan de leurs garanties. Ce sont d’ailleurs les produits qui ont enregistré la plus forte croissance en 2017. Les banques à l’origine de ces nouveaux subprimes ont exploité une faille dans les articles de la loi américaine qui devait empêcher ce type de prêts immobiliers de faire le retour.
Trump et la loi Dodd-Frank
L’administration Obama avait engagé une réglementation Dodd-Frank, votée par la chambre des représentants en 2009 et par le Sénat en 2010, dont la mission était de réguler le système financier et bancaire américain. Cette loi prévoit entre autres la mise en place de nouvelles agences de réglementations pour surveiller notamment Wall Street, une plus grande protection des emprunteurs, des consommateurs et des actionnaires, le plafonnement des investissements bancaires dans des fonds de pension ou de capital-risque, une supervision plus scrupuleuse des institutions financières mais non bancaires et une réforme des produits financiers dérivés. En 2017, Trump a assoupli la réglementation Dodd-Frank, conformément à ses promesses de campagne. Le vice-président de la Réserve fédérale (banque centrale), Stanley Fischer, a exprimé son inquiétude quant à cette réforme. “Il semble que nous ayons oublié qu’il y a eu une crise financière, qui a été causée par le comportement des banques » a t-il affirmé publiquement.
L’échec de la réforme bancaire française
On se rappelle du discours de François Hollande au Bourget à l’égard du monde de la finance. Son programme électoral prévoyait une réforme bancaire qui devait imposer aux banques françaises une frontière hermétique entre d’un côté le crédit, le dépôt et de l’autre, la spéculation. Autrement dit, les opérations de spéculation ne pouvaient plus être alimentées par les provisions des ménages français placées en banque. Résultat : la loi votée en 2013 est bien loin des espérances et n’aura pas les moyens de limiter les déboires des banques. La nouvelle législation ne sépara rien du tout dans les activités bancaires car le gouvernement, attentif aux intérêts des banques, a craint un affaiblissement du système financier. La loi ne fait que restreindre les opérations de marché des banques à des engagements jugés “utiles pour l’économie”. Mais cette expression ambiguë laisse la place à de nombreuses opérations de boursicotage et de spéculation. Par ailleurs, la loi proscrit certaines activités boursières comme le trading haute fréquence. Mais toutes ces clauses ne concernent qu’une infime part de l’activité des banques françaises et ne parviendra donc pas à réguler le système financier français. Une séparation des activités de crédit et des activités de spéculation aurait-elle pu nous prémunir contre une crise financière ? Rien n’est moins sûr puisque la banque d’investissement Lehmann Brothers ne proposait pas de comptes courants aux ménages et un certain nombre d’établissements financiers qui respectaient justement cette frontière étanche entre prêt et spéculation ont déjà fait faillite par le passé. Tout au plus, une telle séparation aurait-elle pu empêcher que des pratiques bancaires frauduleuses et des faillites en chaîne à l’étranger nuisent aux provisions des foyers français.
Pour consulter le dossier complet de Mediapart consacré aux multiples réformes bancaires à travers le monde suite à la crise de 2008, cliquez ici.